Stratégie de Follow et Unfollow : décryptage pour l’auto-édition

Je vois souvent des stories d’intagrameu.rs.ses qui râlent au sujet de certaines stratégies de follow. Enfin, surtout, de certaines stratégies de unfollow.

Alors, je suis comme bien des instagrameurs : je traque les unfollows sur mon compte (j’utilise d’ailleurs l’application Followers & Unfollowers sur Android) et je râle intérieurement à chaque fois que quelqu’un arrête de me suivre. C’est humain, surtout quand on essaie de produire un feed de qualité, avec du contenu régulier.

En même temps, il ne faut pas se mentir : Instagram est vecteur de pas mal d’hypocrisie, mais aussi de comportements nativement ambivalents. Explications.

Motivations du FOLLOW

En général, quand on arrive sur un nouveau réseau social, on va commencer par chercher ses potes, sa famille, ses proches. Éventuellement des collègues, puis d’anciens collègues. On a alors vite fait le tour. Nos abonnements montent, montent… et stagnent à quelques centaines. Les abonnés suivent en général.

Ensuite, on va suivre des gens qui causent d’un sujet qui nous tient à cœur comme par exemple les comptes qui partagent avec le #BookstagramFrance ! Et puis, également, des « Stars » qui nous intéressent. D’ailleurs, une star sur Insta, c’est quoi ? La plateforme donne une petite idée par sa conception même : vous pouvez être suivi.e.s par une infinité de personnes, MAIS : vous ne pouvez suivre « que » 7500 personnes. Donc, si vous êtes une personne polie, que vous répondez « bonjour » quand on vous dit « bonjour » et que vous follow quand on vous follow, Insta considère que vous pouvez vous permettre d’échapper aux règles de la politesse et faire la diva à partir de 7500 abonnés/abonnements. Je provoque un peu, ouais, je sais : j’y reviens un peu plus tard.

De l’humour, de belles photos, voire un beau feed, peuvent également motiver à follow quelqu’un.

Et puis, il ne faut pas s’en cacher, il y a l’espérance du Follow Back. Car on ne va pas se mentir : Insta est un outil de communication, et le dicton « pour vivre heureux, vivons caché » est totalement incompatible avec la communication. Or, un auteur en auto-édition a BESOIN de communiquer sur ses ouvrages, c’est un peu le nerf de la guerre. Et pour maximiser sa visibilité, un auteur a donc besoin de maximiser trois éléments :

  1. son nombre d’abonnés
  2. son taux d’engagement
  3. sa fréquence de publication

Le taux d’engagement, c’est le nombre d’interactions divisé par votre nombre d’abonnés.

equation taux engagement webmarketing autoedition

Le top du top, ce serait d’avoir des millions d’abonnés et de publier des dizaines de fois par jour avec un taux d’engagement de 100%… Hélas ! La plupart des plateformes limitent la portée de nos publications pour deux raisons :

  1. Si on suit beaucoup de monde, il est matériellement impossible de visionner toutes les publications de notre communauté, donc les plateformes « décident » de ce que vous allez voir (sur la base de vos centres d’intérêts… si, comme je l’ai vu déjà vu en formation, vous dîtes en avoir marre de voir des photos de femmes blondes à forte poitrine sur votre timeline, bah… arrêtez de cliquer sur les profils de femmes blondes à forte poitrine #ClichéJeLAssume).
  2. Insta comme les autres plateformes a envie de notre argent. Si tu veux plus de portée, paye. C’est aussi simple que ça.

En règle générale, les taux d’engagement sur Insta oscillent entre 3 et 25% (hors publicité payante !). Une grande qualité de publications, une reconnaissance par la communauté, et un « petit » nombre d’abonnés améliorent le taux d’engagement. Oui, oui ! Vous avez bien lu : pour avoir un taux d’engagement élevé, mieux vaut avoir une petite communauté.

Vous ne me croyez pas ? Kylian Mbappé est suivi par plus de 43 millions de personnes, pour beaucoup sincèrement intéressées par lui. Et il atteint péniblement les 3% de taux d’engagement en moyenne sur ses 12 derniers posts. Si ça vous amuse, vous pouvez vérifier : https://www.instagram.com/k.mbappe/

mais que fait Kylian Mbappé chez Yoan H. Padines

Pourquoi ? Bah, si tu as/cherches beaucoup d’abonnés, tu n’es pas sur Insta « juste » pour garder le contact avec ta famille et tes potes : tu as une intention jugée un peu plus mercantile et Insta le sait, petit malin. Donc si tu veux un meilleur taux d’engagement, faut raquer avec des publicités. (En même temps, Kylian avec un taux à 3% a plus d’un million d’interactions par post, ça pose, le rêve de tout auteur auto-édité !)

Non, les Réseaux Sociaux ne sont plus gratuits quand tu as quelque chose à vendre. Pour info, par expérience, la limite arrive vers les 1000 abonnés, il y a comme une barre et le passage au-dessus tend à réduire nettement la portée des posts. Dit autrement, à 1500 abonnés, vous risquez d’avoir autant de Likes qu’à 500 abonnés (donc un taux d’engagement divisé par trois, vous me suivez ?), toutes choses étant égales par ailleurs. Et en même temps, si vous voulez beaucoup de visibilité (genre le million de likes, avoue, ça te ferait kiffer), bah même avec un taux d’engagement irréaliste de 25%, il va falloir 4 millions d’abonnés.

Conclusion : la course aux abonnés est à un moment le seul moyen d’augmenter à terme sa visibilité (avec un marécage pénible entre 2 000 et 10 000 abonnés…). CQFD.

Et même pour monter à 1000 abonnés, faut déjà y aller : si vous attendez que ça monte tout seul, ça risque de prendre (très) longtemps (sauf si tu es déjà une star reconnue, mais auquel cas, tu ne lirais pas ce billet). Du coup, la tentation est grande (et naturelle) d’interagir avec la communauté ciblée dans le seul but de faire monter son nombre d’abonnés. Et là, il existe des techniques borderline.

Il existe celle du Like pour Follow : sous-entendu, je te like (en fait, je like massivement), tu me follow. Ce n’est pas très efficace. (A la rigueur, le Like pour Like a fait ses preuves).

Et il existe la technique du Follow pour Follow : là, je peux vous donner un ordre de grandeur. Environ 25% des comptes que vous allez suivre en follow massif vont vous suivre en retour. Calcul rapide : si vous suivez 7500 personnes (le maximum autorisé), vous aurez un nombre d’abonnés qui pourrait passer rapidement à 1 875 abonnés. Bon ça, c’est la théorie, l’IA d’Insta veille au grain pour limiter largement le follow massif (et donc la croissance de nos comptes). Et il se pose un autre souci : un sujet d’ordre psycho-social, une norme non-écrite.

A nombre d’abonnés égal, moins tu as d’abonnements, plus ton compte a de la valeur et est crédible.

Un vrai dilemme, un grand écart pour tout communicant. Ce qui nous amène aux :

Motivations du UNFOLLOW

Il me semble toujours étrange de vouloir être suivi par tout le monde, mais de ne vouloir suivre personne. J’appelle ça le syndrome de la Diva (désolé pour toutes les personnes que je vais vexer).

Toutefois, je m’incline devant les normes sociales : il existe une « règle » très informelle qui édicte que le nombre d’abonnés devrait être deux fois supérieur au nombre d’abonnements (personne ne sait d’ailleurs si l’algorithme d’Insta en tient compte !).

orgueil instagram

Je ne sais pas d’où ça vient. Il est vrai que l’ami Kylian ne suit lui-même que 308 personnes, phénomène habituel chez les stars (et j’y reviens, mais à partir de 7500 abonnés, y a bascule vers la starification, hein).

On voit donc apparaître un “taux de diva” qui doit être supérieur ou égal à 2 d’après cette règle communément admise :

taux diva abonnes abonnements instagram yoan h padines webmarketing

Mais alors, raisonnement par l’absurde : si TOUT LE MONDE applique cette règle… c’est mathématiquement problématique ! En fait, c’est impossible dans notre monde réel :

Il faudrait que le nombre d’utilisateurs d’Insta soit égal à la moitié du nombre d’utilisateurs Insta.

On nage en plein délire (prémisses d’un roman de SF où le tout serait égal à la moitié du tout ?).

Une autre manière d’interpréter cette règle, c’est de dire que si la moitié des utilisateurs d’Insta veulent respecter cette règle, il faut que l’autre moitié accepte que son taux de diva soit très inférieur à 2 en compensation.

Alors forcément, voilà venir des comportements énervants : un instagrameur fait du follow massif (seule solution disponible pour augmenter rapidement son nombre d’abonnés). En faisant cela, il dégrade son taux de diva et son taux d’engagement, mais il augmente son nombre d’abonnés, ce qui est « très » important. Puis, pour crédibiliser son compte, cet instagrameur va « faire du ménage » et unfollow des comptes pour remonter son taux de diva à 2 voire plus. C’est « très » important. Ambivalence, quand tu nous tiens…

La dérive, la voici : les personnes qu’il a unfollow risquent fort de se désabonner (s’ils sont tous câblés pareil), donc son nombre d’abonnés va diminuer. Donc, pour maintenir son taux de diva, il va unfollow un peu plus, donc moins d’abonnés, donc… C’est un cercle vicieux dont le seul aboutissement est :

TOUT LE MONDE A 0 abonnés.

Voilà où mène cette double contrainte visibilité (via le nombre d’abonnés) + crédibilité (taux de diva élevé). Et c’est juste insoluble.

Ma stratégie d’UNFOLLOW

Pour ma part, j’accorde davantage d’importance au nombre d’interactions hebdomadaires. Je préfère faire 3 x 100 likes dans la semaine avec un taux d’engagement de 3% et un taux de diva un peu supérieur à 1. Cela revient à 40 interactions par jour en moyenne, régulières.

Car au final, la communication, c’est ça : maximiser votre visibilité quotidienne.

Pour obtenir les mêmes résultats avec une communauté de 100 abonnés et 3 posts par semaine, il faudrait un taux d’engagement de… 100%, ce qui est un poil compliqué. Ou alors il faudra faire 6 posts à 50% d’engagement. Bref, vous voyez le principe.

Et en même temps, je travaille à augmenter mon taux de diva (bah oui, les gens y accordent spontanément tellement d’importance…), avec les critères suivants que je vous dévoile en exclusivité. J’avoue, je unfollow :

  • Les gens qui me unfollow, et d’autant plus quand c’est quelqu’un de la sphère #Bookstagramfrance (si ce que je fais ne t’intéresse pas, ne me demande pas de m’intéresser à toi, exception faite des rares « vraies stars » que je suis)
  • Les comptes en langue étrangère, sauf si la qualité visuelle est vraiment exceptionnelle
  • Les comptes qui me proposent des webcams ou du sexe tarifé (en fait, là, je ne unfollow pas : je signale à Insta, je sais, je suis méchant).
  • Les comptes inactifs depuis plus d’un an (pas faciles à débusquer…) car pour le coup, dégrader ce maudit taux de diva pour des comptes fantômes, ça me saoule un peu.
  • Les comptes sans photo de profil (à de rares exceptions près).
  • Les comptes qui heurtent mes valeurs (non, le fascisme ne passera pas !).

Et sinon, pour le reste, si tu me follow, que tu écris dans une langue que je comprends et que tu ne rentres pas dans ces critères, bah, y a de grandes chances que par respect pour ton travail, sauf erreur de ma part, je vais te follow back sans jamais te unfollow. (PS : les loupés existent, dans les deux sens, souvent, un simple MP permet de corriger le tir). Et j’essaie d’interagir, mais forcément, ce n’est pas facile quand on suit beaucoup de monde.

Nota : je m’interroge d’ailleurs encore sur la conduite à tenir quant aux comptes privés : faut-il s’abonner à eux ou pas ? S’ils souhaitent qu’un inconnu (que je suis pour eux…) ait accès à leur contenu, seraient-ils en privé ? Alors, des fois, je follow back, des fois pas.

Mis à part un problème d’égo et d’image starifiée, ce taux de diva n’apporte pas grand-chose, rien ne permet de penser aujourd’hui qu’il maximise la visibilité… Ça me dépite, mais c’est comme ça.

Voilà, j’espère que ce long billet vous aura intéressé et si c’est le cas, n’hésitez pas à le partager ! Bonnes lectures à tous 😊

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